mercredi 16 septembre 2009

J'aurais aimé m'appeler Frida # 3

Sans doute sentaient-ils confusément que son corps brisé, éventré, reflétait la vérité de chacun d’entre nous : le moi est une foire-à-tout. Un amalgame hétérogène de sensations et d’objets passés déposés au présent. Une fouille à ciel ouvert sous les mains d'archéologues peu regardants. Le sujet pour croire à son unité, « machine les fantasmes qui se succèdent d’une image morcelée du corps à une forme que nous appellerons orthopédique de sa totalité – et à l’armure enfin assumée d’une identité aliénante, qui va marquer de sa structure rigide tout son développement mental. » Ainsi parlait Lacan.




1 - Hans Bellmer

2 - The Pornographers de Shoei Imamura
3 - La poupée commandée par Kokoshka


Certains artistes, comme Kokoshka, Bellmer ou le cinéaste japonais Shoei Imamura ont décidé de construire et de vivre avec un idéal féminin en recréant de toute pièce celle qui serait leur compagne docile, leur muse. Ils inventèrent une nouvelle "anatomie de l'amour". A l’inverse de Pygmalion, ils sont partis du vivant pour créer une compagne viable quitte à la priver de l’air qu’elle respire, quitte à se perdre en chemin sur les transformations incessantes de l’objet de leur attention.




Taille mannequin.

Qui t'a fait ça
Qui t'a mise nue
Qui t'a tranché la taille
Qui a bouché et épilé ton sexe
Je tuerai celui qui a rasé ton crâne
Est-ce ta faute si on t'a obligée de coucher

Tes mains sont toujours prêtes à me prendre
Avec un peu de crispation pourtant

Une difficulté réelle à se refermer sur quoi que ce soit
Sur qui que ce soit

Mais moi

C'est décidé je vais t'emmener
à dos d'homme
Je te trouverai des vêtements
Jamais assez beaux mais tu auras moins froid
Le soir venu tu te coucheras près de moi et mon oeil
pleurera devant ta porte interdite

Ma chaleur deviendra tienne et nous nous endormirons
Nous regarderons sur les murs
L'ombre des rideaux dessinée par la lumière des lampadaires

Le matin à mon réveil tu auras déjà ton regard sur moi
Veilleuse de ma nuit, immobile et silencieuse
Les yeux grand ouverts.


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