jeudi 12 mars 2009

De l'interprétation d'un regard

Une jeune femme se retrouve seule. Elle a repoussé d’un revers de bras ce qui encombre la table. On ne sait si elle est assoupie ou si elle pense à ce qui lui est arrivé. L’espace qui s’ouvre derrière elle est par contraste très austère. La porte restée entrebâillée. L’angle formé par le tapis nous mène vers deux directions : celle qui passe par la diagonale du châle blanc et se poursuit par la jambe qui apparaît dans le tableau en haut à gauche et celle qui pointe l’espace vide de la pièce du fond.
Le tableau à peine visible au-dessus de la jeune femme serait la citation d’une peinture de Van Everdingen. Eros ne peut dissimuler plus longtemps son manque de sincérité, alors il jette son masque et s’enfuit.
On apprend aussi, après radioscopie du tableau, que Vermeer a supprimé deux éléments : un chien sur le seuil et un homme dans la pièce du fond, laissant la jeune femme seule responsable du désordre.
Revenons au titre donné à ce tableau en 1659, quarante ans après avoir été peint : Jeune femme ivre endormie à sa table. En 1737 lors d’une autre vente, il n’est plus fait mention de l’ivresse. Le tableau a pour titre : Jeune femme endormie de Van der Meer de Delft.
En supposant que Vermeer ait supprimé le personnage et le chien pour les rassembler en une allégorie sur Eros, je propose une autre version du tableau où le chien et l’homme sont de nouveau présents et le tableau de l'allégorie effacé. L’homme s’en va, le geste désinvolte. Le chien dont on connaît la fidélité reste auprès de sa maîtresse qui semble avoir les yeux baissés par tristesse et par dépit. On ne sait si l'artiste à peint ses yeux endormis ou s’il a saisi le battement de ses paupières baissées.

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