lundi 9 mars 2009

Aristocratie ouvrière

Mon grand-père - à gauche sur la photographie - venait de divorcer. Pour priver son ex-épouse de sa fille, il la maria à son neveu. Ils quittèrent tous trois le Maroc. L’homme à droite est mon père Nissim. Il avait vingt-huit ans quand il épousa ma mère qui venait juste de fêter ses treize ans. Arrivée en France, ma mère enceinte continuait à jouer à la poupée. Après sept années de terrassement dans le tunnel de la Croix-Rousse à Lyon, mon père contracta la tuberculose.
Cette image me touche par l’élégance des deux hommes. Rien ne transparaît de la pauvreté de leurs conditions d’existence, de leur illettrisme. Le « Tiens-toi droit » moral et physique de leur éducation suffit à faire front. Mon père avait parié qu’il s’élancerait du haut d’un mur pour gagner une chemise blanche. La chute fut rude et lui coûta d’avoir le dos voûté le restant de ses jours.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire